Les présidents et tous les membres du Congreso XV et du XV Parlementaire s'associent pleinement à ce texte. Ils pensent toujours à la famille et aux proches de Federico et n'oublieront jamais cet odieux assassinat.
Los presidentes y todos los miembros del Congreso XV y XV Parlementaire se solidarizan plenamente con estas palabras. Recuerdan siempre a la familia y personas allegadas a Federico y nunca olvidarán este atroz asesinato.
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Cette tribune a été écrite en accord avec la famille de Federico Martin Aramburu et le soutien de son cousin Raúl Alconada Sempé, secrétaire des Affaires Spéciales du ministère des Relations extérieures et du Culte Argentin.
« Assassiné parce qu'il s'est opposé à des idées extrémistes et fascistes. Non, la mort de Federico n'est pas un fait divers, une affaire de droit commun comme certains veulent le laisser entendre. C'est l'expression « d'un état de violence qui existe, que nous ne pouvons ignorer, que nous ne pouvons intégrer dans la vie quotidienne » (Emmanuel Mounier, philosophe français). « Fede » avait en lui les valeurs du rugby, d'humanisme.
Nous, joueurs, anciens joueurs, coaches, entraîneurs, cadres dirigeants de clubs avons ces mêmes valeurs en nous, inculquées dès le plus jeune âge dans nos clubs et nos villages.
Depuis 2009, Les instances du World Rugby ont intégré ces valeurs dans leur charte mondiale, « une feuille de route destinée à préserver le caractère unique du rugby aussi bien sûr qu'en dehors du terrain de jeu ».
Federico et Shaun (Hegarty) étaient en dehors du terrain de jeu, et comme à leur habitude, n'ont pas laissé dire des paroles contraires à leur pensée, leur éducation, leur philosophie de vie. Ils n'ont pas tourné la tête en faisant semblant de n'avoir rien vu (*) mais ils ont choisi de réagir, à ce qui pour eux était évidence.
(*) Bob Dylan. Blowin'in the Wind. « How many times can a man turn his head and pretend that he just doesn't see ? » (« Combien de fois un homme peut-il tourner la tête et prétendre qu'il ne voit tout simplement pas ? »
Dans le texte officiel de cette charte, la première valeur citée est l'intégrité, qui englobe fair-play et honnêteté. Nous en acceptons les règles et devons faire preuve d'honnêteté intellectuelle.
La deuxième valeur est la passion, qui nous anime tous, dès qu'on met le crampon sur la première motte d'herbe à 5 ou 6 ans jusqu'à la fin de troisièmes mi-temps où, adultes, nous chantons souvent faux mais ensemble, dans la fraternité. Ensuite, vient la solidarité, synonyme de collectif, de loyauté, d'esprit d'équipe qui nous unit pour toujours, sans différence sociale, culturelle, géographique, politique, de couleur ou de religion.
Il est aussi question de discipline, nous essayons de nous y tenir à chaque instant, à chaque minute de nos vies, à l'entraînement comme en dehors du terrain même lorsque ce n'est pas facile.
Enfin le respect, valeur fondamentale de notre sport et donc de nos vies, respect de nos familles, respect dans notre rapport aux autres, respect dans l'éducation de nos enfants, respect de ceux qui ne pensent pas comme nous, respect de l'adversaire sur le terrain, respect d'autrui dans son ensemble, et transmission de ce respect dès que nous le pouvons.
Ceux qui ont assassiné Federico sont aux antipodes de ces valeurs, de nos valeurs (**).
(**) Tous les protagonistes de cette affaire sont présumés innocents comme inscrit dans l'article 11 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : « Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis. »
On ne peut accepter qu'un des nôtres soit assassiné en 2022 au coeur de la capitale française, parce qu'il respectait et appliquait ces valeurs, auxquelles nous ajoutons en mémoire de Federico la générosité, la bienveillance, le combat pour une justice sociale et par-dessus tout l'amour de la famille et du partage amical.
Le 19 mars dernier, au petit matin, ça aurait pu être chacun(e) d'entre nous à la place de Federico. Aujourd'hui, nous essayons toujours de comprendre l'inacceptable, l'impensable dans nos logiciels de vie et dans nos coeurs.
Plus jamais un être humain ne doit mourir dans ces conditions, plus jamais une famille ne doit être endeuillée au motif d'idéologie d'extrême droite, nous continuerons à combattre pour nos valeurs, nos idées, nous lutterons toujours contre ceux qui veulent laisser entrer la haine dans notre pays. Nos différences sont notre richesse. Nous sommes une Nation. »
crédit photo: F. Fife/AFP